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pendant tout mon parcours universitaire, quelque chose me suit en filigrane: le fait qu’en art performance le fait de se blesser soit une méthode (voir un motif) récurrent, mais, surtout, le fait que ce soit un comportement psychiatrisé, fait qui me semble être rarement traité dans les pratiques et discours.

vouloir se blesser comme geste artistique serait, en art performance occidental, une question de souveraineté de l’artiste sur son corps, souvent pour faire voir quelque chose, visibiliser des oppressions, en appeler à l’empathie du public. je me méfie de ce type de discours. j’apprends d’ailleurs. du fait que c’est la volonté, le fait d’avoir fait le choix de se blesser, qui mène à la psychiatrisation de celleux qui le font en dehors d’une pratique artistique. c’est dans la rencontre des fonctions et paramètres de ces deux volontés que j’opère.

prenant comme lieu d’expérimentation les contraintes mêmes de la recherche (cours, présentations, instances de légitimation ou d’approbation de la méthode de recherche), ma démarche m’a mené-e à de nombreux culs-de-sac, dont le fait de promettre de ne pas me blesser dans le cadre de ma recherche, ou être mis-e face à la contrainte de devoir avouer si je me suis déjà blessé-e en dehors de ma pratique artistique pour pouvoir poursuivre mon travail.

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ces performances visaient à clore un cycle de travail débuté même avant ma maîtrise, depuis 2016. elles visaient également à me sortir de la condition de l’aveu, qui a été répétée lors de mon parcours à la maîtrise. épuisé-e par mes expérimentations des dernières années, j’ai travaillé ces performances/allocutions comme des logorrhées contradictoires, qui visaient à faire l’anamnèse de ma recherche en contexte académique en pouvant puiser ailleurs que dans le fait d’avouer ce que j’ai fait et ce que je veux faire – pour proposer quelque chose qui dé/joue les tendances psychiatrisantes de l’injonction à la divulgation.

je répétais donc, cinq jours de suite, le même script retraçant des histoires qui se sont déroulées en filigrane de ma recherche, et ce, en modulant ce que j’omettais et j’ajoutais selon les personnes présentes dans le public.

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les cinq performances avecsur le fait de vouloir se blesser agissaient comme présentation publique de fin de ma maîtrise en arts visuels et médiatiques (uqam). cette recherche a reçu l’appui du conseil de recherche en sciences humaines du canada (crsh) et les performances étaient chapeautées par l’organisme folie/culture.

merci à eli del pour l’espace dans lequel se déroulait les performances, à ma directrice de recherche gisèle trudel et aux soixante huit personnes venues être témoins d’une des cinq allocutions -- qui m’ont permis, par leur présence, de moduler mon script.